« Je sais désormais analyser certaines parties d’un texte à partir des émotions mais je ne ressens cette articulation dans aucun autre domaine. » Yoan

« Je pense que ce que l’on ressent nous aide à mieux comprendre certains mécanismes et apporte un sens là où on n’en voit pas forcément » Ileana

« Je pense que la raison est plus sollicitée que l’émotion lorsque l’on fait une réflexion, mais l’émotion peut tout de même intervenir suivant si notre réflexion peut nous rendre joyeux, triste, surpris, mais encore nous faire rire. » Mathilde

« Je pense que cela me permet de mieux distinguer les informations venant du cerveau et celles venant du cœur. » Mathys

« La méditation peut faire ressortir en nous diverses émotions lors de la lecture d’un texte et je pense que cela peut permettre une meilleure compréhension de ce dernier et donc une amélioration dans le raisonnement. » Justine

« Je pense que ces deux aspects s’articulent en raison de la place importante de l’émotion afin de construire une certaine réflexion. » Alissia

« Je pense que l’émotion aide la réflexion car ressentir un texte par exemple nous montre son sens » Léo

« On se sent plus à l’aise et c’est plus en ordre dans notre tête après. J’ai du mal à expliquer mais c’est vraiment utile. » Ilana

« Chaque émotion peut aider à voir les choses différemment » Mathilde

« J’ai du mal à ressentir les émotions grâce à la visualisation cependant je peux m’imaginer les sons. Cela me permet de ressentir certaines choses. Je ne sais pas si cela m’aide réellement (en travail scolaire) mais je peux dire que ça me permet de me concentrer. » Nicolas

« Personnellement je trouve cela complexe à faire et à comprendre mais quelquefois cela m’a permis de mieux comprendre certains textes. » Nino

« Dans ma réflexion l’émotion et la raison me permettent de mieux ressentir les choses et donc de mieux les exprimer ou de mieux les comprendre. » Naïs

« Concernant la méditation, je pense qu’elle permet de nous ouvrir un nouvel aspect de la réflexion et donc nous offre une meilleure logique. » Jean-Baptiste« L’articulation entre la conscience et la raison permet de nous approfondir dans notre réflexion, nous permettant d’utiliser l’entière de nos capacités pour réfléchir à un sujet. » Hugo

« Je pense que l’articulation entre l’émotion et la raison dans la réflexion peut être utile bien que je ne la maîtrise pas encore. Personnellement ma réflexion se base sur ma raison principalement. » Yannis

« Dans l’ensemble, ces exercices me permettent de garder plus efficacement ma concentration. De plus, ils m’aident à calmer mon stress quotidien. Ces exercices sont donc, pour mon cas, d’une grande aide. » Morgane.

« Je pense que l’exercice de la méditation que vous avez mis en place permet de faire ressentir des émotions qui nous permettent d’avoir un premier avis sur le texte étudié ou la question et donc nous aider à l’analyser donc faire appel à notre raison. » Mary-Jane

« Je pense que les émotions permettent de construire la raison et donc de crée la réflexion. » Lucas

« Je pense que lorsqu’on fait appel à la raison il y a toujours une part de nos émotions qui est exprimée. » Célia

« L’articulation entre l’émotion et la raison pourrait être enrichissante cependant je ne parviens pas réellement à ressentir des émotions lors d’une dvdp ou d’une méditation. » Romain

« Pour moi en temps normal, on vit avec raison et émotion un peu mélangé tout le temps. Par contre j’ai constaté que lorsque nous sommes stressés ou apeurés nous avons tendance à laisser l’émotion prendre le contrôle de nos actions sur la raison et donc ne pas laisser la place à la réflexion. » Paul

« Je pense que les DVDP nous permettent bien de penser et de faire appel à nos émotions pour donner notre avis sur le sujet. Je pense que la raison et les sentiments sont liées quand on répond à la question posée. » Clément

« L’Emotion permet d’ouvrir une meilleure réflexion et de mieux se raisonner. » Morgane

« Les émotions me permettent de mieux raisonner et donc d’avoir une meilleure réflexion puisque je suis dans la peau de l’auteur. » Simon

« Cela fonctionne bien mais selon le sujet traité ou le contexte émotionnel de la journée cela est plus difficile. » Leah

« Je pensais auparavant que les émotions empêcher la raison mais depuis les méditations je pense que ces émotions nous confortent dans la raison. » Sarah

« Je pense que la méditation nous permet de nous libérer l’esprit et d’avoir les idées claires pour se concentrer sur le sujet des dvdp. » Lola

« La connexion entre émotion et raison m’aide beaucoup car cela ne se limite pas à nos connaissances mais à la réflexion qu’on peut apporter à notre exercice » Grâce

« Je trouve cela très intéressant car cela permet de mieux comprendre le message véhiculé par l’auteur et ainsi mieux analyser le texte. On rentre dans la peau de l’auteur et cela m’a permis de beaucoup mieux comprendre la littérature et de l’apprécier. » Louann

« Je pense qu’on n’a pas l’habitude de réfléchir avec ses émotions du coup c’est plus difficile mais la méditation permet de découvrir ses émotions lors de la réflexion » Jane

« Je trouve cela intéressant car on peut mieux réfléchir en prenant en compte nos sentiments et à part notre raison qui peuvent être contradictoires et poser un vrai questionnement. » Lucy

« L’émotion et la raison nous permettent de mieux comprendre nos ressentis. » Loane

« Je pense que pour avoir une bonne réflexion, il faut forcément y mêler ses sentiments. » Julia

« Je pense que cette articulation est intéressante puisque ça nous permet de mieux comprendre les textes. » Inès« Personnellement, cette articulation entre les émotions et la raison fonctionne pour moi. Les émotions ressenties permettent par la suite une réflexion bien construite avec des idées plus ou moins claires mais qui viennent plus facilement. » Lény

 

Méditation sur le bonheur

Intention de la séance : Je me propose aujourd’hui de m’ouvrir de ressentir ma propre définition du bonheur

Rituel d’ouverture : gong + 3 grandes respirations et posture de la dignité

Corps de séance :

Prenons le temps de nous recentrer sur notre respiration, cette ancre qui nous permet d’être à l’intérieur de soi en toute sécurité. Inspirons, expirons.

1ère phase : Je prends le temps d’être dans ma respiration, sans vouloir la changer, en l’accueillant telle qu’elle est, avec une curiosité bienveillante.

J’inspire, j’expire, à mon propre rythme, sans vouloir changer ce rythme et j’essaie d’être à l’écoute de mon corps et de ce que je ressens.

Est-ce agréable ? désagréable ? Est-ce que c’est facile pour moi de ressentir mon souffle ? Je ne me juge pas, juste je constate.

Toujours dans mon souffle, dans ma posture de la dignité, je peux peut-être, si je le veux, si je le peux, me remercier de respirer, ici et maintenant, et peut-être, avec cette sensation de gratitude, que j’aurai un sentiment de bien-être qui va émerger, une émotion de joie.

2ème phase : Maintenant, je me propose de comprendre, de mettre en lumière ce que le bonheur peut représenter pour moi.

Peut-être que le bonheur peut avoir l’aspect d’un objet ou d’une personne que j’aime ? d’un animal ? d’une couleur ? Qu’est-ce que je ressens quand je suis avec cet objet ? Cette personne ? cet animal ? ou que je regarde cette couleur ? Et si je suis heureux.se, alors peut-être que je ressens ce bonheur quelque part dans mon corps ?

Peut-être que le bonheur, c’est manger, goûter quelque chose que j’aime ? Et si je suis heureux.se avec cette saveur dans la bouche, alors peut-être que je ressens ce bonheur quelque part dans mon corps ?

Peut-être que le bonheur, c’est quelque chose que je peux toucher ? Et si je suis heureux.se en l’ayant dans les mains, alors peut-être que je ressens ce bonheur quelque part dans mon corps ?

Peut-être que le bonheur, c’est quelque chose que j’aime sentir ? Et si je suis heureux.se avec cette odeur, alors peut-être que je ressens ce bonheur quelque part dans mon corps ?

Peut-être que le bonheur, c’est quelque chose que je peux entendre, écouter ? Et si je suis heureux.se avec cette musique, ce son, ces paroles dans mes oreilles, alors peut-être que je ressens ce bonheur quelque part dans mon corps ?

3ème phase : Enfin, je peux à présent laisser venir à moi le souvenir d’un événement heureux. D’une grande fête ? d’une réussite ? D’un moment où j’ai été dans le bonheur et je peux ressentir de nouveau tout ce bonheur m’envahir : comment je me sens ? est-ce qu’il y a une partie de mon corps qui réagi plus qu’une autre ?

Transition : Pour sortir doucement de l’exercice, je vais faire de légers automassages avec un sentiment de gratitude pour mon corps et pour moi-même dans son unité.

Rituel de clôture : j’écoute le son du gong jusqu’au bout (ou autre son) et je me remets dans le mouvement, en commençant par le bas, je remonte, j’ouvre les yeux en dernier.

Questions : Qu’est-ce que le bonheur ? Comment y parvenir ?

1ère synthèse (33 élèves)

Tout d’abord, nous avons répondu à la question « Qu’est-ce que le bonheur ? ». De là sont sorties deux idées majoritaires, une partie de la classe pensait que le bonheur était propre à chaque individu, que chacun connaissait son propre bonheur et en avait une définition différente, tandis que l’autre partie pensait que le bonheur pouvait être partagé ou venir d’une personne autre que soi. Mais nous étions tous d’accord pour dire que c’est plus un sentiment, une sensation de satisfaction qu’une réflexion et que c’est quelque chose de concret. Nous avions aussi dit que parfois la recherche du bonheur est en fait le véritable bonheur, comme dans L’Alchimiste de Paulo Coelho.

Ensuite, nous avons débattu sur la différence entre le plaisir et le véritable bonheur. Nous étions majoritairement d’accord pour dire que le plaisir est quelque chose de bref, alors que le bonheur reste dans le temps. De plus, plusieurs plaisirs peuvent amener le bonheur.

Puis, à la question sur un bonheur permanent, là aussi la classe s’est séparée en deux grandes parties. Certains pensaient que ce n’était pas possible, car la vie est une suite de hauts et de bas. Mais d’autres personnes pensaient qu’il était possible d’atteindre un bonheur permanent, que c’est un mode de vie. Par exemple, en rendant quelqu’un heureux, en se remémorant les moments joyeux ou en essayant de voir le côté positif en chaque chose.

Pour finir, nous avons discuté de la différence entre le bonheur extérieur et intérieur et de ce qui nous semblait le mieux. Premièrement, le bonheur est en nous mais il peut aussi venir par la suite de l’extérieur. Beaucoup pensaient que le bonheur intérieur était plus important et plus sûr car plus stable. Il était aussi ressorti qu’il est plus important de compter sur soi-même que sur un bonheur qui viendrait de l’extérieur. Un petit groupe de personnes dans la classe avait aussi dit que les deux types de bonheur sont importants, car les deux dépendent l’un de l’autre et, qu’enfin, cela dépendait de la personne.

2nde synthèse (35 élèves)

Qu’est-ce que le bonheur ?

Pour certains le bonheur est un moment qu’ils partagent avec d’autres. Un moment où on se sent bien, qu’on apprécie. Ces moments sont souvent simples, ils se traduisent par des petites choses, des détails qui deviennent des souvenirs de bonheur auxquels on repense ensuite. Ces moments importants sont partagés avec la famille, les amis, parfois des animaux, soi-même.

Le bonheur peut également dépendre de ces mêmes personnes, malheureusement lorsqu’on les perd il faut trouver une nouvelle source de bonheur pour combler le manque et la douleur de la perte.

Pour d’autres le bonheur est une angoisse. Il faut mettre de côté des choses importantes, faire des choix en permanence. L’empathie empêche parfois le bonheur. Les événements tragiques ou les fins malheureuses viennent empiéter sur le bonheur actuel, les mauvaises pensées, les souvenirs tristes et lourds refont surface et encombrent l’esprit. Le bonheur peut être une peur à cause des conséquences, des impacts, de son expérience. On sait que le moment de bonheur sera suivi d’un moment moins réjouissant car on a atteint le maximum. Le bonheur dépend de la naïveté, c’est une illusion créée par l’Homme pour échapper à son quotidien morose. Sans naïveté il est difficile d’être heureux, de ne pas être sur ses gardes et de relativiser.

On ne se rend pas forcément compte du bonheur dans le moment présent. Le temps file. Plus tard, on repense aux moments passés et on réalise qu’il y a des moments et du temps perdus. Néanmoins, le bonheur n’est pas quelque chose que l’on peut planifier. Trop planifier le futur rend pessimiste, on voit le verre à moitié vide plutôt qu’à moitié plein, on apprécie donc moins le moment à cause de nombreuses pensées parasites. De plus, il y a un risque de déception dans le cas où la situation ne se produit pas de la manière dont on l’avait imaginée. Le bonheur est complexe car on ne peut pas toujours se poser la question : ce moment me rend-il heureux ? Il faut parfois prendre un risque pour être heureux, pour éviter de regretter. Le regret te suivra bien plus que la peine.

Pour connaître le bonheur il faut connaître le malheur, les épreuves de la vie. On peut tous être heureux, on a tous le droit au bonheur mais pas forcément au même moment. Lorsqu’on ne connaît pas le malheur, on a plus de mal à réaliser le bonheur. On peut trouver une part de bonheur dans le malheur.

Comment fait-on pour sortir de la mélancolie et relativiser ?

La vie est un cercle vicieux, nous ne sommes pas éternels. On aura beau passer du temps avec les gens qu’on aime, ils partiront forcément. Peut-être qu’à leur mort on ressentira moins de regrets mais la peine ne changera pas. “Sois toujours heureux/se de les avoir connus et non pas triste de les avoir perdus”. Il faut sans cesse essayer de passer à autre chose, penser au futur. Le bonheur est lié à l’émotion, cela peut nous empêcher d’être heureux. Pour avoir le bonheur il faut comprendre la valeur de la vie. On peut rester dans la nostalgie mais il ne faut pas tomber dans la mélancolie. Il n’y a pas de mode d’emploi, on tombe, on se relève, on apprend et on avance, pour tomber de nouveau … Il ne faut pas baisser les bras, toujours se relever. Si on écoute son cœur et son corps, on ne le regrette pas.

Conclusion

Le bonheur est une multitude de choses que l’on partage, un moment, une émotion, une sensation, une personne. Le bonheur ne peut pas être tenu ou classé, c’est une chose immatérielle qui se trouve dans le présent, dans le passé et se trouvera dans le futur. Il y a autant de bonheur qu’il y a d’Hommes.

Méditation sur le rire

Intention de la séance : Je me propose aujourd’hui d’expérimenter le rire

Rituel d’ouverture : gong + 3 grandes respirations et posture de la dignité

Corps de séance :

Prenons le temps de nous recentrer sur notre respiration, cette ancre qui nous permet d’être à l’intérieur de soi en toute sécurité. Inspirons, expirons.

1ère phase : Je me propose tout d’abord de prononcer lentement trois fois l’onomatopée « ha », haut et fort et à l’expiration : « Ha, ha, ha ». Puis je respire. Je vais maintenant prononcer de nouveau trois fois l’onomatopée mais de façon plus rapide « ha, ha, ha » et toujours pendant l’expiration. Et je continue, jusqu’à laisser toute la place au rire.

2ème phase : Je prends un temps pour me recentrer, pour respirer et ressentir : qu’est-ce que je ressens ? quels sont mes ressentis ? dans mon cœur ? mon corps ? Est-ce que mon rythme cardiaque a changé, est en train de changer ? Est-ce que je me sens bien ? Est-ce agréable ou désagréable ?

3ème phase : Je me propose maintenant de faire revenir un souvenir, plus ou moins proche, d’un énorme fou-rire ! C’est un instant qui est gravé car j’ai eu du mal à ce moment-là à m’arrêter de rire. Je laisse venir ce souvenir, avec tous les détails de l’événement. Et peut-être que je vais commencer à esquisser un sourire ? puis peut-être que je vais vouloir rire ? puis peut-être que je vais me laisser envahir par le rire ?

4ème phase : Je prends un temps pour me recentrer, pour respirer et ressentir : qu’est-ce que je ressens ? quels sont mes ressentis ? dans mon cœur ? mon corps ? Est-ce que mon rythme cardiaque a changé, est en train de changer ? Est-ce que je me sens bien ? Est-ce agréable ou désagréable ? Y a-t-il des changements, des nuances par rapport à tout à l’heure ?

Transition : Pour sortir doucement de l’exercice, je vais secouer mes mains comme pour les sécher.

Rituel de clôture : j’écoute le son du gong jusqu’au bout (ou autre son) et je me remets dans le mouvement, en commençant par le bas, je remonte, j’ouvre les yeux en dernier.

Question : Le rire est-il une émotion primitive ou une manifestation intellectuelle ?

Dans la 1ère classe, où je dois dire que l’exercice a, me semble-t-il, mieux réussi, les élèves ont pu constater que le premier rire avait été largement provoqué par mes onomatopées : la prof qui se met à dire haut et fort « Ha ha ha », lentement, puis qui se met à rire tout en guidant, c’est drôle ! Le 2ème rire, pour quelques-uns, a également été provoqué par le fou-rire de la prof qui s’est souvenue d’un fou-rire et qui devait quand même guider en même temps : ce qui donnait une guidance très rigolote ! Mais je rappelle que je préconise de guider et de faire en même temps la méditation en question. Beaucoup ont ressenti la chaleur, un rythme cardiaque s’accélérer. A l’ouverture de nos yeux, nous nous sommes découverts avec des larmes aux yeux pour un grand nombre et le rimmel des filles ayant un peu coulé ! Dans cette classe, nombreux ont été ceux qui ont trouvé ces instants agréables, mais certains ont eu du mal à retrouver l’instant « fou-rire ». D’autres n’ont eu aucun mal à retrouver ce souvenir et ont plus apprécié le 2ème rire que le 1er qu’ils ont ressenti comme « artificiel ».

Dans l’autre classe, les élèves ont été moins nombreux à « jouer le jeu ». Peut-être parce que c’est une classe qui a encore des réticences à tester des choses inconnues et inhabituelles. Toujours est-il, beaucoup ont eu du mal à rire à gorge déployée pour la 1ère phase et peu ont ressenti : juste le rythme cardiaque changé. Pour la phase souvenir, peu ont eu l’envie de faire revenir un fou-rire, et beaucoup ont dit qu’ils n’en avaient jamais eu : vérité ? manque de coopération ? J’accueille les paroles et les ressentis. Certains, ayant joué le jeu, ont ressenti plus de choses agréables dans leur corps la 2ème fois ; d’autres ont eu de mal à « rire sur commande ».

Une première remarque évidente : les élèves se sont emparés à la fois de leur séquence (de façon parfois explicite dans une classe, implicite dans l’autre), ainsi que de leur vécu quant à la méditation.

Dans la 1ère classe, ils reprenaient l’idée de Sénèque expliquant que le plaisir, aussi intense soit-il, se révèle tout à la fois inconsistant et éphémère. Inconsistant car l’être désiré ou l’objet consommé perdent les qualités que l’imagination leur conférait, et éphémère car le plaisir est une sensation qui perd en durée ce qu’elle gagne en intensité, érodant par là-même la représentation d’un bonheur que chacun voudrait indéfini[1].

Par ailleurs, il faut dire que l’autre classe a été particulièrement ébranlée par la DVDP, suite à plusieurs remarques d’élèves disant qu’ils ne peuvent pas répondre car « n’ayant jamais connu le bonheur ». Seule cette réflexion a alors libéré la parole de beaucoup d’entre eux. En effet, certains élèves de cette classe vivent des situations parfois compliquées, voire tragiques (maladie, perte d’un proche, etc.). Ne souhaitant pas brimer leurs mots, j’ai donc volontairement laissé la DVDP se poursuivre. Sans avoir de connaissances philosophiques, j’ai pu constater la maturité de beaucoup d’entre eux, ayant savamment distingué les notions de plaisir, de joie et de bonheur, que les philosophes ont tenté définir.

En effet, les moralistes du plaisir, appelés hédonistes, sont souvent, comme Anatole France, des philosophes sceptiques et désabusés. Il faut donc soigneusement distinguer et hiérarchiser plaisir, joie, et bonheur.

Le plaisir, qui marque tout simplement la satisfaction de telle ou telle tendance biologique, nous paraît naturel et ne pose pas spontanément de question. Nos plaisirs comme nos tendances sont multiples et hétérogènes. Chaque plaisir a quelque chose de particulier, de limité, par là de superficiel et ne concerne pas ma personnalité considérée comme un ensemble, comme un tout. Le plaisir s’éprouve dans l’instant, et est du domaine de la sensation qui échappe en quelque sorte à la continuité de la durée psychique.

Tandis que le plaisir est lié à l’instant, la joie, elle, suppose le temps d’une œuvre. Elle est rythme parce qu’elle associe un idéal, qui vaut en lui-même, en dehors du temps, et une réalisation qui dépend du temps. L’ennui est le contraire de la joie, car dans l’ennui je suis possédé par le temps, je ne le possède pas. Le temps de l’ennui s’allonge et pèse. Au contraire, le temps de l’action, le temps de l’œuvre, c’est le temps dominé, le temps programmé, le temps joyeux. Comme l’écrit Bergson : « Partout où il y a la joie il y a création ; plus riche est la création, plus profonde est la joie ».

Si le plaisir occupe l’instant et la joie le temps d’une œuvre, le bonheur, cette « jouissance infinie de l’être », dont parlait Spinoza, ne peut concerner que l’éternité. Par là, le bonheur est impossible à l’Homme. Ce dernier cherche dans le temps à se rapprocher de l’idéal dont il rêve. Le bonheur appartiendrait donc à l’éternel, il serait plutôt divin qu’humain. Le plaisir, liée à la satisfaction des instincts au cours des instants successifs, reste sur le plan de la vie animale. La joie seule est proprement, exclusivement humaine, car elle appartient au temps.

[1] Sénèque, « De la vie heureuse », traduction de E. Bréhier, in Les Stoïciens, Bibliothèque de la Pléiade, Éd. Gallimard, 1962, p. 729-730.